Publié par : bouteillealamer | février 15, 2010

Mercenaire dans les nineties

Les atrocites en RDC 2

En ce temps là, Monsieur l’Ambassadeur dandinait du croupion sur le perron de la villa de France, son épouse Francine-Charlotte servait des citronnelles pour conjurer le paludisme, et Jacky le chiffreur, les bras rongés par les morsures de fourous, suait à grosses gouttes en maudissait cette dernière affectation à quelques encablures de la retraite. Les miliciens coiffés de perruques peroxydées pour salopes, dansaient au son hypnotique du n’dombolo, maman se baisse, papa injecte. Koffi Olomidé inspirait, au rythme de cette subtilité qu’on lui connait, toute une génération de génocidaires prête à fondre sur la case, vêtus en Père Noël. Pas de cheminée au dessus de cette demeure carrée, mais des tranchées creusées autour, fine frontière symbolique et illusoire tirée comme le fil d’un string autour des hanches, en espérant qu’il puisse protéger du soleil. J’arpentais les postes de sécurité plié en deux, les balles sifflaient, parfois, quand la nuit poussait les africains à rafaler afin de conjurer le mauvais sort. Je cherchais auprès de belges égarés des rangers, je demandais à l’un d’eux une paire à ma taille pour 5 000 FCFA, facile me dit-il, à ce prix là je t’en trouve pour demain, c’est pas grave si les pieds sont encore dedans ?

En ce temps là, les diplomates portaient le nœud pap’ sur des chemises rayées, savant mélange de Bozo  le clown et du professeur Rollin, sourire carnassier jaunâtre ponctuant les plaies on words, ton collégial et rictus constipé avant que la courante qui renverse tout sur son passage ne le balaye, quelques notes de clarinette pour détendre l’atmosphère, le mortier scandait à la manière d’une grosse caisse, il était temps de rentrer. Les fusils automatiques commençaient à crier, dans les recoins du bush surgissaient des ombres déformées par la folie, pantins désarticulées par les fétiches plantés dans la matière, certains crânes explosaient au passage d’une 5.56 ; c’est étrange la mort, les corps allongés dans l’herbe tondue donnent l’impression de dormir sur un oreiller de charcuterie, on me disait ne t’approche pas du muret, le terrain est miné.

En ce temps là on était pessimiste actif ou optimiste passif. Extra Musica avait inventé la chorégraphie devant les piscines du Novotel, les danseuses étaient fringuées comme des clochardes ayant fait main basse sur la garde robe d’un spectacle d’Holliday on Ice, du tissu en satin rose fusionné avec de la verroterie de Taiwan, ceintures dorées et collants opaques, les Kinois traversaient le fleuve pour fuir la guerre et les Brazzavilois traversaient  aussi le fleuve pour fuir la guerre. Partout ça fuyait comme les français un jour de juin 1940.

En ce temps là, j’étais serré entre quatre murs d’un bâtiment de la coopération, planqué pendant les opérations de nettoyage. Je priais Dieu pour revenir vivant à Champigny, même en slip, refaire ma vie à zéro, épouser Clarisse que j’avais tringlée une semaine auparavant dans une ville pétrolifère, je souhaitais mettre fin à ce cauchemar, me faire sauter le caisson avec cette Kalachnikov qui me brûlait la cuisse? Pourquoi pas, mourir pour la France en regardant ce fleuve lointain, on me disait « Monsieur vous avez fait l’enfant », j’ai juste répondu que les adultes ne pouvaient pas comprendre. Et Monsieur l’ambassadeur lâchait une dernière caisse parce que la citronnelle infusée lui donnait des ballonnements.


Réponses

  1. Merci Ali, je l’attendais depuis longtemps ta dérive au coeur de la nuit puisqu’en ce temps là y avait juste un petit modem pour savoir si le matin à 7 heures t’étais encore vivant

  2. Grande époque.

    « En ce temps là on était pessimiste actif ou optimiste passif, Extra Musica avait inventé la chorégraphie devant les piscines du Novotel, les danseuses étaient fringuées comme des clochardes ayant fait main basse sur la garde robe d’un spectacle d’Holliday on Ice, du tissus en satin rose fusionné avec de la verroterie de Taiwan, ceintures dorées et collants opaques, les Kinois traversaient le fleuve pour fuir la guerre et les Brazzavillois traversaient aussi le fleuve pour fuir la guerre. »

    On se croirait dans la prose du transsibérien, continuez, vous êtes très bon. Koffi chante Sassou aujourd’hui (Sassou elikia ya suka, pas mal pour un mec de 70 ans passés), il ne chante plus maman se baisse papa injecte, les évangélistes veillent et publient des tribunes dans les journaux pour lutter contre l’indécence, pendant que le pasteur engrosse les sixièmes du collège (soyons juste elles ont au moins treize ans et leurs formes rendraient jalouses beaucoup de nos compatriotes).

  3. Ouch! que de vies étonnantes!
    En ce temps-là, je couvais des yeux les berceaux de mes premiers et c’était ma seule guerre, mon unique combat!^^
    Le monde autour n’existait pas.

  4. Merci Fan, à vrai dire j’ai descendu ce texte dans un moment de déprime, je n’arrive toujours pas à me soustraire de l’emprise psychologique de Brazza.
    Au bout du compte on pense être sauvé en revenant en France, mais c’est peut-être à cet instant précis que l’on est le plus vulnérable. Vous me comprenez, hein ?

    J’ai également constaté ce tropisme du corps enseignant africain (ou de l’autorité en général) pour les très jeunes filles. Les roucoulades et petites œillades lancées par elles aussi, je crois que vous le décriviez précisément dans l’un de vos articles. Les repères moraux explosent en vol, le choc est phénoménal.

    La Crevette,
    Votre combat est gagné d’avance, par le notre.

  5. Le nôtre de corps enseignant féminisé Ali faute de se faire enfiler en gang-bang attitude pour récompenser au mérite la jeunesse turbulente qui l’insulte, les gestionnaires qui le méprisent, l’opinion qui le croit intellectuel, a la moraline tellement chevillée qu’il culpabilise à la Verrière, bientôt on l’agrafera sur les bancs du métro cherche enseignant, tout profil retenu, tenue de protection exigée. Marianne fait pleurer en couverture sur ces profs qu’on insulte quand c’est tout l’enseignement de masse qui est un foutage de gueule absolu. C’est le même tropisme au masculin qui règne sous cette latitude, non plus la petite jeune fille à culottes de collégienne mais le jeune éphèbe bronzé, épilé, crépu qu’on va transformer comme l’enfant sauvage en janissaire cravaté, d’un côté que je te vampirise ta jeunesse, de l’autre que je lui insuffle mon esprit, à la fin sur le miroir que voit-on des Pygmalion le feu au cul et rien d’autre

  6. Je vous comprends peut-être, en effet.

    Je n’ai pas eu la chance de me faire tirer dessus, tout au plus ai-je pu parfois contempler l’œil unique d’un PM-AK. Malgré tout Brazza c’est la vie, la luxuriance, et ce soir dans une chambre de banlieue parisienne je me demande s’il est possible de vivre vraiment ailleurs qu’entre un garde présidentiel à la kalachnikov et une pute à perruque. Peut-être devrais-je mettre mon plus beau costume et kotuna mosala na J.-P. P., rue Vaneau. Nalobeli yee na Sarkozy tata mokonzi na biso, il me doit bien ça.

  7. Je dirais même : Sarkozy ni baba, Sarkozy ni muema, Sarkozy mutsunga dji wawatoto wa France o.

  8. @ ali
    le calibre des ak 47 c’est du 7.62
    le 5.56 c’est un calibre otan pas courant en afrique sauf chez les frankaouïs qui eux ne tirent pas au corps ou à la tête (ou rarement parceque ce sont des troupes de métier ; disciplinées) mais plutot aux membres (tir incapacitant mais pas létal ; base du maintien de l’ordre avec du matériel de guerre )
    sauf lorsqu’on les cherche bien sûr
    alors là….
    @ mouloud
    ravi de lire sous votre plume que l’enseignement de masse est une foutaise absolue
    la massification incontrôlée a TOUJOURS été une foutaise totale
    un trou noir qui consomme énergies ressources et bonnes volontées
    TOUTES les réformes tendant à massifier un service/bien/culture (tout ce qu’on voudra en fait) marchent au stade expérimental (avec des petits effectifs volontaires) et cacattent à échelle humaine à l’échelle d’un pays ou d’une société
    exemples
    – la démocrassouille (faut mettre des majuscules) ; à l’échelle d’une citée ou lorsque le suffrage est censitaire ; ça marche ! pour un pays ; ça chie ! (désafection de la participation électorale et j’en passe)
    – les godasses ; les berlutti cousues main ; ça tient le coup !parfois 20 ans . les méphistos ; ça dure 2 ans à tout casser
    – les baraques ; celles du 19ème sont encore debout les cathédrales sont encore debout . les hacheloumes ; ça commence à foirer ; les terminaux de cdg ; ça s’effondre !

  9. Kobus, je sais, je parlais du feu de calibre 5.56 OTAN que les emperruqués se prenaient dans la tronche à chaque tentative d’intrusion dans le jardin. Je peux vous assurer que les Français ne tiraient pas dans les jambes pour le coup…

  10. ha ça rassure
    un p’tit coup de mortier pour leur calmer la tendresse aussi tant qu’on y est
    il me revient qu’au lendemain d’évennements similaires en ivoirie (les frankaouÏs ayant pulvérisé l’aviation ivoirienne les patwiottes ont cassé du blanc et -conséquence logique la légion et les marsouins ont maintenu l’ordre . sans matos dédié -) des journalopes avaient interviouvé des bléssés patwiottes dans les zopitaux ivoiriens (payés par les blancs soit dit en passant hein comme quoi la colonisation mais bon j’agace )
    l’un d’entre eux avait déclaré avec véhémence
    « mais ce que je ne supporte pas c’est cette chasse au nègre »
    certes
    certes mon bon
    mon bon mon brave ami
    mon frère en souffrance sur cette terre dans cette vallée de larmes dans cette guéhenne
    mais ce qu’il t’a fallu supporter c’est la juste (ou injuste c’est selon) rétribution de tes actes ou de ceux de tes concitoyens
    identifiables du fait de leur noirceur aux yeux des troupes coloniales
    du coup le terme « chasse aux nègres » peut s’entendre facilement j’en conviens
    toutefois toute troupe étrangère se protège en territoire hostile
    tu en fis l’expérience sur ton lit de douleurs
    ne vas pas chercher de racisme là dedans

  11. Je sais Kobus, pour la Côte d’Ivoire, j’y étais aussi, une telle indécence de la part de ces apprentis génocidaires vous donne la gerbe. Je me rappelle de mon quotidien parmi ces affamés aux yeux injectés de haine, de ces abrutis dystrophiés par le prurit cocardeux nationaliste habillés en vert blanc et orange, paradant sous le zouglou engagé d’un collectif de salopes tapinant aujourd’hui en France. Leur capacité à vous insulter puis à vous demander dans la foulé de les dépanner de 1500 FCFA, les discours schizophréniques de la télévision nationale, appelant dans la même émission au calme puis au lynchage, à la réconciliation puis au massacre des blancs, je me souviens aussi des petites couilles rentrées de la diplomatie française ne sachant sur quel pied danser.

    Non franchement il n’y a que les militaires qui ont sauvé notre honneur, distribution de claques pour un rapide retour au calme.

    Pour les masses, et c’est encore plus vrai en Afrique, une Puissance qui ne manifeste pas sa force brutale, ne jouit pas du respect qui incombe à l’entité supérieure qui punit ou pardonne. C’était une grave erreur de leur avoir laissé la possibilité de prendre du volume, et de se sentir invulnérables. Regardez le temps et l’énergie perdue, alors que 25 minutes de simple posture défensive ont suffit à ramener les blaireaux au terrier. Pour comprendre cela, il fallait avoir lu Elias Canetti et non Bertrand Badie, encore une faute de goût des ENArques qui ont géré le dossier ivoirien.

  12. si les énarques n’avaient fait QUE cette faute de gout….
    mais c’est EUX qui sont une faute !
    une injure à la création

  13. tiens la cote d’ivoire ça repart
    à l’évidence après le niger c’est le prochain maillon faible (en est il de forts ? en afrique du moins)
    le kaki se portera bien en afwique dans les années qui viennent
    investir dans des fabriques de treillis
    et dans des manufactures d’armes
    voire même dans des forges artisanales (ha ! la beauté d’un massacwe à l’ancienne ! à la machette ! pas besoin de votre industrie et de votre organisation ! temoin le rouanda : un million de morts en quelques mois ! tout à la main ! aucune chambres à gaz ! pas un seul blanc dans l’affaire !)

  14. Vous noterez que Laurent Bagbo le grand Socialiste indigné par la position de légitime défense des Français en 2006, est nettement moins pointilleux sur le respect des Droits de l’Homme quand il s’agit de réprimer dans le sang une manifestation hostile à son règne.

    Une petite note positive tout de même, après avoir invoqué la Révolution jacobine pour justifier la chasse aux Français en Côte d’Ivoire, Bagbo va certainement finir décapité par son peuple ; justice immanente de l’Histoire à l’œuvre pour ses révisionnistes.

  15. tiens un autre truc rigolo
    mais ça ne fait rire que moi
    on sait que la propagande agit mieux sur des cerveaux malléables plastiques et infantiles
    c’est pour ça d’ailleurs que l’idée de supprimer l’histoire au lycée n’était pas si conne si on en juge par la façon dont cette matière était enseignée (ayant 3 moufflets qui ont tous leur bac depuis un moment – 2 ans pour le plus jeune- je sais ce qu’on a tenté de leur faire ingurgiter dans les programmes) au moins ils n’auraient pas été déformés
    mais bon……….
    cet aprèm’s allant à la bibliothèque (en arabe littéraire « mactabah »)municipale (il n’y a aucune raison de laisser la plèbe en bénéficier seule d’ailleurs elle n’y fout JAMAIS les pieds) je suis passé devant la section bédé
    oui c’est là que l’histoire commence
    des bédés quand j’étais gosse j’en lisait pas
    simple ; fils d’enseignant et de fonctionnaire d’autorité c’était prohibé chez nous
    et du coup m’en est resté une forme de nostalgie (un peu comme celle des carambars voyez)
    bon je pèche un alboume (couverture bariolée pour attirer le chaland) sur laquelle était écrit « rouanda-jamais je n’ai pu me faire à la graphie anglosaxonne – 1994 »
    j’ai tourné les pages comme vous pouvez vous le figurer
    hu hu hu !
    le sous titre serait (si je devais le rédiger) « manuel de désinformation pour les sots et les ignorants »
    hé oui
    si vous l’ignoriez encore sachez que c’est la légion qui a cassé du machin là bas dans les collines (mille à ce qu’on dit)
    qui a couvert
    qui a balancé des pauv’nèg’ du haut des hélicos
    comment s’y prendre pour graver des niaiseries dans les plastiques cerveaux des marmots
    ben avec des couleurs pardi !
    espérons seulement que ce genre de conneries outrancières prolifèrent
    que ça nous dise de quoi c’est le nom:
    -du révisionnisme en histoire
    -de la bétise drappée dans les horripaux de l’idéologie mélanoderme ou dans celle de la croyance en un crime ontologique de l’homme blanc ( relire avec profit « le sanglot de l’homme blanc » de bruckner)
    -du contre feu extérieur à la dictature intérieure de kagamé
    -du déni démocratique dans un pays peuplé à 80% de hutsis et de 20% de tutus (ou inversement allez savoir) et qui est dominé par les 20% arrivés dans les fourgons des milices immigrées de tanzanie (tant va la cruche à zanie qu’à la fin…..non c’est stupide)


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